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Cyril Dion : « Nous pouvons agir sans attendre les gouvernements »

Texte: Mathilde Golla / Figaro

Après la démission de Nicolas Hulot, le cofondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris estime que, pour «stopper le réchauffement planétaire, il faudrait aller jusqu’à rompre avec le dogme de la croissance». Selon lui, «nous avons besoin d’imaginer une autre société, de proposer une autre représentation du monde, un autre récit qui suscite l’enthousiasme». Il exorte les citoyens à agir pour régénérer les écosystèmes.


Cofondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et de la revue Kaizen, Cyril Dion écrit et co-réalise – avec Mélanie Laurent – Demain, film vu par 1,2 million de spectateurs et récompensé du César du meilleur documentaire en 2016. Il vient de publier Petit Manuel de résistance Contemporaine chez Actes sud.


La démission de Nicolas Hulot ajoute au sentiment que l’écologie politique est condamnée à l’échec … Dans votre livre, vous évoquez cette incapacité des politiques à agir. Est-ce une fatalité?

Cyril DION.- Ce n’est pas une fatalité, mais le problème est que si l’on veut stopper le réchauffement planétaire de manière efficace, il faudrait aller jusqu’à rompre avec le capitalisme, comme l’avançait Naomi Klein dans son passionnant essai: Tout peut changer (Actes Sud, 2015). Or aucun gouvernement n’est prêt à faire cela. Dans notre système économique mondialisé toute les économies sont intimement liées les unes aux autres, un pays qui se mettrait en rupture avec le dogme de la croissance serait isolé sur la scène internationale. La rupture est d’autant plus difficile.

Nicolas Hulot a également reconnu que la lutte contre le changement climatique implique un nouveau modèle économique mais, pour y parvenir, la voie politique semble être compromise…

Les responsables politiques sont pris dans une forme de tenaille, entre leurs promesses électorales et la réalité de l’exercice du pouvoir. Edward Snowden, dans une interview à Der Spiegel en septembre 2017, a très bien décrit la situation en évoquant «cette classe de fonctionnaires de l’État qui survivent gouvernement après gouvernement». Ainsi, des ministres, aussi populaires qu’ils puissent être, sont souvent moins influents que certains conseillers de l’Elysée ou de Matignon.

Dans le même temps, les lobbies et les multinationales continuent à exercer un poids considérable sur les décisions. À l’image de ce qu’il s’est passé avec le glyphosate où 80% des personnes sondées s’y déclaraient opposées ce qui n’a pas empêché les lobbies de s’opposer avec succès à son interdiction dans la loi. Ce sont encore eux qui ont conduit la France, entre 2009 et 2016, à augmenter de 20% l’utilisation de pesticides malgré deux plans gouvernementaux pour les réduire de 50%, lancé en 2008 par le ministre de l’agriculture Michel Barnier puis en 2015 par son successeur socialiste Stéphane le Foll. Parallèlement, l’opinion publique est versatile et ses demandes sont parfois contradictoires. La population réclame une société plus écologique, plus égalitaire mais ne veut pas qu’on s’attaque au prix de l’essence ou à des secteurs d’emplois même si ces industries sont très polluantes.

Pour faire cohabiter ces objectifs (écologie et emploi), il faut une politique globale, cohérente, bénéficiant d’un soutien fort de la population. Personne n’aura le poids pour engager de telles mutations à moins d’opérer une véritable révolution culturelle.

Quels sont les moyens à disposition des citoyens pour préserver la planète?

Nous avons besoin d’imaginer une autre société, de proposer une autre représentation du monde, un autre récit qui suscite l’enthousiasme. Il n’y a pas d’autres solutions (hormis les catastrophes ou des régimes autoritaires) pour entraîner une vaste mobilisation. C’est ce que nous avons voulu faire avec le film Demain où nous avons proposé d’autres récits sur l’agriculture, l’économie, la démocratie. Nous avons mis en scène un nouveau modèle de héros: des gens qui s’épanouissent en étant utiles. Le film a été une source d’inspiration pour beaucoup, des milliers de personnes nous ont dit qu’ils avaient changé de vie après l’avoir vu. Mais ce n’est pas suffisant, il faut démultiplier ce type de récits, jusqu’à modifier la perception d’une majorité de la population.

La «société civile» peut-elle être efficace pour conduire ce changement?

Il faut que les citoyens s’organisent et il faut avancer par étapes. Si vous vous donnez l’objectif de renverser le changement climatique, il y a 100% de chances que vous n’y parveniez pas du premier coup. L’exemple de l’association Bloom est probant. Cette association ne s’est pas fixé l’objectif de sauver les océans du jour au lendemain, mais d’interdire la pêche en eau profonde. Elle a mobilisé tout le monde sur cet objectif, mesurable, atteignable et a réussi à faire changer la loi. Cette victoire a donné de l’énergie à tous ceux qui se sont mobilisés pour aller vers un nouvel objectif: l’interdiction de la pêche électrique. Ce sont ces victoires successives qui peuvent tenir un mouvement dans la durée.

Ensuite, il faut coordonner les actions, des ONG, politiques, penseurs, artistes… pour les rendre efficaces. Il faudrait une organisation qui coordonne les mobilisations sur des objectifs précis..

Pour la première fois, la Cour de justice de l’UE a jugé recevable une plainte d’une dizaine de familles qui accusent les États membres de ne pas avoir pris les mesures nécessaires contre le réchauffement climatique. Croyez-vous qu’une telle mesure puisse porter ses fruits?

Il faut tout essayer pour mettre en avant les décalages entre les lois et les volontés populaires.

Sur les réseaux sociaux, certains évoquent divers moyens d’action comme la mobilisation ou des grèves de la faim… est-ce utile?

Certains appellent à une marche pour le climat le 8 septembre prochain. C’est une bonne chose mais il faut créer les conditions d’une mobilisation permanente. Il faudrait créer une organisation dédiée, qui tisse des liens entre des ONG, la population, des leaders d’opinions, des élus et mobilise pour remporter des combats sur les sujets essentiels: pesticides, émissions de GES, pollution, etc. Le problème n’est plus de savoir quoi faire mais de s’organiser.

Nous avons besoin de rediriger l’énergie, bien souvent captée par le divertissement, et de l’orienter vers ce qui est utile. Et puis nous pouvons agir sans attendre les gouvernements comme Boyan Slat, ce jeune Néerlandais qui veut nettoyer les océans. Il a collecté plusieurs dizaines de millions d’euros pour mettre au point un système en mesure de nettoyer les cinq vortex de plastique qui ont la taille de véritables continents.

Mais n’est-ce pas déjà trop tard?

Si, il est trop tard pour stabiliser le climat. Mais nous pouvons encore amortir le choc et tâcher de régénérer des écosystèmes. Mais pour cela il est indispensable de s’y mettre, qui que nous soyons, où que nous soyons et dès aujourd’hui.

Source: www.lefigaro.fr

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Nettoyer- et prendre la pleine responsabilité de l'état de notre âme - Christina von Dreien

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