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Ouvrir les yeux à l’émerveillement

J’ai toujours voulu être océanographe, surtout attirée par le milieu marin. L’océan, la mer, les animaux inconnus et méconnus m’ont depuis toujours fascinée.

Ensuite mon chemin m’a amenée à vivre et travailler trois mois en Israël dans une réserve naturelle. Je me rendais compte que j’aimais voyager seule et que c’était la manière comme j’aimerais vivre et travailler. Egalement avec des espèces sauvages éloignées de l’océan. Israël a été pour moi une véritable révélation. Je rêvais quasiment toutes les nuits que j’étais en train de naître. J’assistais à l’aube de mes vingt ans à ma re-naissance. Je suis revenue en France pour faire une école en écologie sur deux ans et j’ai aussi commencé à étudier davantage les animaux. Au bout de ces deux années, je savais que ce que je voulais faire, c’était repartir encore une fois. Ce voyage m’a amenée chez les chimpanzés et j’ai commencé un Master spécialisé en éthologie. J’avais envie de mieux connaître leurs comportements, leurs jeux, leur manière de vivre. Révélation : c’était des animaux qui poussaient très loin leurs raisonnements et ils allaient du meilleur au pire, ce que je pensais être jusque-là réservé aux Hommes. Ils pouvaient parfois faire preuve d’une grande intelligence émotionnelle et également être très violents. Et ce qui était très intéressant dans les groupes de jeunes chimpanzés, c’est que si l’on ne se positionne pas, on se fait rapidement envahir ou dépasser. Cela a changé beaucoup de choses pour moi. J’ai compris l’influence du positionnement sur notre environnement. Comme l’autre réagit sur toi vient depuis ton intérieur ! Ce n’est pas parce que l’on fait pleins de gestes qu’ils ne nous respectent pas pour autant. Mais ils respectent notre présence. Il m’a fallu du temps pour me rendre compte de cela et me rappeler être dans le présent. Je devais me focaliser sur les détails, regarder ce qui était vraiment en train de se passer. J’observais leur concentration, leurs visages, leurs plis, je les regardais vraiment. Juste regarder. Pour de vrai. Je n’avais pas vraiment le droit à l’erreur ou l’on se fait constamment chamailler. Quand j’étais calme, ils me faisaient des câlins et quand j’étais dans la tête, ils étaient hyper envahissants.

Je suis ensuite partie travailler six mois avec les loups en Russie, où je vivais dans une petite isba -maison en bois-, avec parfois jusqu’à -40°C dehors! Là-bas, une relation avec une louve m’a beaucoup marquée. Je la suivais tous les jours pour noter ses comportements et les relier aux défaillances des colliers GPS. Un jour, alors que je la suivais, je me suis enfoncée dans la neige jusqu’à la taille. J’ai eu peur que malgré la relation de confiance que nous avions créée, cette situation puisse la faire revenir à ses instincts primaires de prédateur. J’étais dans cette position une proie facile. Je sentais mon cœur battre en attendant sa réaction. Mais tout au contraire de mes appréhensions, elle s’est mise à pleurer, cela m’a surprise et beaucoup émue. Elle a essayé de pousser une branche vers moi pour que je puisse l’attraper et m’extirper. Elle s’est montrée extrêmement gênée et empathique, comme un chien l’aurait fait. Elle venait vers moi puis reculait en semblant me dire : viens, suis-moi, sors de là. C’était à la fois drôle et touchant. Plus tard, après la fin de mon séjour en Russie, elle est partie d’elle-même avec un groupe de loups sauvages et elle a été aperçue avec des louveteaux.

Le monde sauvage nous permet une reconnexion totale avec qui nous sommes et si l’on continue de s’acharner à le détruire, nous coupons finalement le dernier lien qui nous lie à la Terre. Ce que j’ai également réalisé, c’est à quel point nous avons besoin de partager ces choses pour savourer encore plus cette intensité. Et en même temps, nous avons besoin de nous retrouver seuls, d’aller au bout de notre solitude pour comprendre qu’être seul n’est pas une question de nombre mais bien un état d’être. La manière d’être, la manière de s’aimer. J’ai commencé à comprendre qui je suis et à m’aimer en Russie. C’était comme si je m’étais rencontrée pour la première fois, en voyant le miroir de cette louve qui me faisait tellement confiance…

L’île d’Amsterdam.
Je suis partie pendant quatorze mois sur l’île d’Amsterdam pour y suivre les otaries, les albatros et les manchots. Ce qui était sensationnel, c’est que j’étais la seule biologiste. J’y vivais avec dix-neuf autres personnes dont dix-huit hommes et je partageais régulièrement ma passion avec eux. Mon travail les ouvrait complètement sur quelque chose qu’ ils n’avaient jamais touché auparavant. Comme avoir un albatros dans les bras et se dire qu’on peut le tuer mais qu’il est absolument parfait. Pendant que je mettais des bagues aux oiseaux, mes collègues, souvent militaires, protégeaient les œufs ou les très jeunes poussins. J’ai découvert chez eux une belle part de féminité dans ces gestes. Cela a bouleversé la vie de certains !
L’expérience humaine sur cette île d’Amsterdam a été extraordinaire ! Au fond, un effort constant et une invitation magnifique au positionnement. Les loups et les chimpanzés m’avaient bien appris ça. C’est le retour qui a été le plus difficile. C’était comme devoir s’arracher au monde sauvage pour retrouver le monde civilisé. Le plus dur a été de revoir les lumières des villes depuis le bateau. J’avais bien réalisé et compris que ce n’était pas la vraie vie, dans le sens de l’authenticité. Mais plutôt, le monde de la course. Des masques ! On n’est jamais aussi proche de nous qu’en étant dans la nature. Pour moi, retourner dans la civilisation a été comme accepter de se perdre à nouveau. Avant de partir, je faisais beaucoup de yoga et de méditation mais sur l’île, tu es en méditation permanente, toutes les réponses te viennent tout de suite, pas besoin de faire l’exercice, tout se passe complètement naturellement. Et vers la fin, j’ai eu un beau cadeau. En règle générale, les otaries sont très agressives. C’est seulement dans l’eau que tu peux être avec elles de manière sereine. Sur terre, elles essaient toujours de te mordre. J’avais une jeune otarie dans les bras car je devais la mesurer lorsqu’une femelle s’est approchée de moi. Avec un bâton et le petit dans les bras, je lui disais qu’il fallait qu’elle s’en aille. Je la repoussais mais elle s’est mise sur ses palmures arrières, les yeux fermés ! J’ai commencé alors à caresser son ventre avec le bâton. J’ai même fini par réussir à trouver le courage de la toucher avec ma main ! Avec son museau, elle s’est approchée de moi sans agressivité alors qu’il y en avait des milliers d’autres autour de nous et que, pendant plus d’une année, aucune otarie n’avait jamais montré un geste de sympathie sur la terre ferme. La personne qui était avec moi a filmé la scène, je n’y croyais presque pas! C’était comme si on m’offrait un immense cadeau en me disant, ce que tu as fait est juste et apprécié. Un geste, une intelligence supérieure… parfois, on voit trop petit !

Un de mes buts principaux est de continuer à m’émerveiller, à voir la beauté que l’on peut percevoir et à la partager. Je souhaite transmettre cela au maximum de personnes pour que chacun ait envie de préserver ces joyaux de lui-même. Que cela devienne complètement naturel. Pas que cela soit un effort, une contrainte mais que cela se fasse avec spontanéité et amour.

Mon prochain projet est de faire le tour de l’Arctique avec un hydravion écologique ultra-léger. Nous voulons relever ce défi avec l’équipe du projet Polar Kid pour continuer à montrer la beauté et l’urgence de la préserver. Je serai responsable de l’aspect scientifique, de la rencontre avec les espèces. Vous pouvez nous suivre sur les réseaux sociaux et toute forme d’aide, matérielle et/ou morale, sera la bienvenue.

Helene Le Berre supports

LOUP & PASTORALISME : COMMENT PRESERVER L’UN ET L'AUTRE. Le 15.10 à Montricher

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