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Les esclaves du soufre

Un volcan? Un être bourru certes, mais sans qui la terre serait bien triste et bien froide… un livre aussi dont les pages à peine brûlées racontent si bien l’histoire de notre magistral planète. Le kawahIjen est l’un de ceux qui se voilent la face, souvent dans les nuages pour mieux cacher sa beauté lunaire. Ces entrailles regorgent d’un minerai dont l’extraction a transformé la vie de certains hommes en une prouesse mentale et physique quotidienne.

C’est une nuit orageuse étrangement calme, suspendue entre les flashs de lointains éclairs. Une sensation euphorisante mélangée d’une pointe d’appréhension m’envahis, je suis seul, l’accès au volcan est encore fermé alors que j’entame l’ascension. La visibilité se réduit à quelques mètres seulement alors qu’une épaisse brume déroule les flancs du volcan, tel un rouleau compresseur implacable, chargeant brusquement l’air de vapeurs de soufre. Les yeux brûlent, les poumons s’enflamment, un masque à gaz de fortune me permet d’atteindre le sommet. La lune se dévoile pour percer l’étouffant brouillard gazeux et m’indiquer furtivement le passage qui mène au fond du cratère. Le coeur du kawah Ijencontient le plus grand lac acide au monde, ses contours se font de plus en plus précis. Sa rive Est est éclairée par de grandes flammes au bleu cristal, crées par les gaz sulfureux au contact de l’oxygène.

Trois silhouettes courbées se détachent de la nuit, affairées à sculpter des morceaux de soufre. Badil et Joko, la trentaine et Dian, plus jeune, viennent des villages environnants. Ce sont des esclaves du soufre depuis plusieurs années déjà. Leurs épaules et leur dos torturés en témoignent. La perspective d’un des salaires les plus élevé d’Indonésie, 16chf par jour, les forces à extraire ce minerais jaune puis à l’acheminer jusqu’à une usine de traitement. Quand les premiers rayons de soleil auront illuminés le périlleux passage jusqu’aus ommet du cratère, ils se mettront en marche. Leurs fardeaux dépassants souvent leur propre poids. Leur nonchalance, leur joie de vivre et leur générosité semble ne les avoir jamais quittés, leurs familles sont les premiers bénéficiaires de ce labeur d’un autre temps.

Le lac à la couleur verte émeraude encore endormie à un goût proche d’un bonbon à l’orange ultra acidulé. Les failles rocheuses sous pression crachent de la fumée dense et suffocante, entrelacées par les puissantes flammes du sulfure en transformation. De la “lave bleue” s’écoule de cette furie vociférante, un tour de magie que seule la nuit a le pouvoir de dévoiler et dont une poignée de volcans on le secret.

Les lueurs des lampes frontales des premiers visiteurs serpentent maintenant la descente du coeur du volcan, il est trois heures du matin, c’est pour moi le signal de faire le chemin inverse pour aller attraper le lever de soleil. Je quitte cette terre inhospitalière où l’homme n’a pas sa place, alors que la lente procession des mineurs accablés de leur précieux chargement à déjà commencée. L’île de Java, terre de feu, héritière d’une histoire coloniale qui s’est forgée à l’ombre des volcans, m’a ensorcelée de sa beauté tourmentée.

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Gregory Liechti

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